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2.20.2013

LE RUBAN BLEU


Espace projet partenaires de La Ligne Bleue présente du 16 février au 3 mars Le ruban bleu, une exposition pour célébrer le lancement de La Ligne Bleue. À l’occasion du lancement de La Ligne Bleue [Réseaux et quartiers culturels], MASSIVart organise et présente une collection d’œuvres créées par seize artistes de la scène locale, toutes disciplines confondues. Cette exposition propose un panel d’oeuvres rassemblées par le thème bleu qui dressent un portrait éclectique des Montréalais habitant les quartiers traversés par la ligne bleue. 



1.10.2013

ÉRIC AUBERTIN


Erratum musical
20.01.13 - 20.02.13
Une installation in-situe

Vernissage le dimanche 20 janvier à 14h
Relâche le samedi 26 et le dimanche 27 janvier


Pour inaugurer la saison 2013, Espace Projet présente une exposition solo d’Éric Aubertin Erratum musical, une installation in-situ. Le titre rappelle l’œuvre musicale de Marcel Duchamp (1913) qui fut élaborée à partir de 25 notes tirées au hasard. 

La mise en espace de l’installation sera donc réalisée de façon aléatoire en transposant une portée géante sur les murs pour y accrocher 25 tableaux monochromes (pour ne pas dire monotones) verts et beiges selon la hauteur des notes de la partition. Ces monochromes font écho au 433 de John Cage, genre de silence visuel.

Ce dialogue entre Cage et Duchamp permettra à Éric Aubertin de créer une installation in-situ à partir de ses œuvres. Du plancher au plafond, quatre structures tridimensionnelles rappelant les intervalles d’une portée seront érigées pour établir un parallèle avec le mouvement (mélodique et chromatique).

Un dispositif sonore et quelques partitions complèteront l’installation. L’exposition sera accompagnée d’un catalogue où figurera des textes de Réal Larochelle et de Liliane Audet.



Éric Aubertin est le co-fondateur et le directeur d’Espace Projet. Autodidacte, il est à la fois artiste, commissaire, designer et musicien.

http://www.ericaubertin.ca


Point zéro 
Seules les prémisses qui ont donné lieu au visuel d’ensemble de cette exposition sont intentionnelles. À partir de quelques idées et concepts, les jeux ont été faits d’une façon quasi mécanique. Pourtant, cette exposition est en quelque sorte un aboutissement, un bilan du travail d’Éric Aubertin sur plusieurs années de création. Plus encore, elle témoigne d’un besoin récent de reconstruire, de faire table rase sur son passé pictural.
Dans cette exposition, Éric Aubertin décide en effet de peindre par-dessus un bon nombre de ces anciens tableaux, de faire du neuf avec du vieux. Dans cet esprit, les différentes pièces de cette exposition s’appréhendent comment un nouvel ensemble visuel, pour ne pas dire un nouvel événement visuel dans lequel des influences artistiques importantes ont servies de référence et d’inspiration.

Erratum musical. Duchamp et le hasard.
Passant d’une pratique appliquée, dictant une « manière de faire » des monochromes, Aubertin s’intéresse dans cette exposition aux « manières de penser » des monochromes dans l’espace. Ainsi, la mise en espace prime sur l’observation individuelle des tableaux (ou objets) disposés aux murs. S’il en est ainsi, c’est que l’inspiration première de cette exposition se base sur une œuvre de Marcel Duchamp de 1912 : l’Erratum musical.
L’installation in-situ de l’Erratum musical est une façon de mettre en scène visuellement ce que Duchamp expérimenta musicalement. À l’origine, l’exercice amena Duchamp à découper des cartes et à y inscrire, sur chacune d’entre elles, une note de musique. Celles-ci étaient ensuite disposées dans un chapeau puis mélangées et sélectionnées au hasard. Une fois tirée au sort, chaque note était reportée sur du papier musique et réintroduite dans le chapeau. Duchamp reproduit ce processus vingt-cinq fois. Ainsi, pour la mise en scène de l’Erratum musical, ce système est reproduit avec les 25 notes de la partition originale de 1912. Pour faire un pont avec les arts visuels, ces notes correspondent à chacun des monochromes pigés au hasard lors du montage. Une portée a été dessinée dans l’espace et chaque pièce forme une partition visuelle réinventée. Laissant place à de nombreux inattendus, certaines pièces se trouvent alors confinées au plafond, alors que d’autres sont relayés au sol. Cette part de jeu, exploité par Aubertin dans un bon nombre de ses créations passées, se trouve ici au centre du processus.
Dans cette volonté de faire table rase pour mieux reconstruire, Aubertin puisse aussi son inspiration dans un autre aspect important de sa vie d’artiste, la musique conceptuelle.

Faire un tout avec rien. John Cage et la musique conceptuelle.
Dans le même ordre d’idée que l’Erratum musical de Duchamp, John Cage est un artiste reconnu pour avoir vidé la musique de toute intention sensible ou émotive. Il la ramena à la stricte activité des sons. Cage a ouvert la musique au bruit, à l’indétermination et, pour finir, au silence. Dans sa formation autodidacte de musicien jazz, Aubertin reste marqué par les interventions de Cage, entre autre celle de 1939, alors que celui-ci met au point un « piano préparé » en sertissant les cordes de vis, de boulons et de plats à tartes, etc. De plus, en 1952, John Cage fait exécuter ses 4 minutes 33 secondes de silence pour n’importe quel(s) instrument(s), œuvre dans laquelle il « met en scène » la rumeur de la salle de concert.
Ainsi, chaque tableau de cette exposition est peint de la même couleur neutre. Ils correspondent aux notes de l’Erratum musical, ce qu’Aubertin appelle pour la cause des « monotones » plutôt que des monochromes. Une fois dissimulée sous la même teinte, ces vieux monochromes ou autres objets aux textures et couleurs variés s’unifient, se neutralise. Ils subissent alors, selon Aubertin, une sorte de traitement d’épuration sonore : avec ces longues pauses, ces silences, ces souffles et ces sauts répartis dans l’espace. Cette épuration rappelle le vide, le rien, qui tout à coup mise en scène devient un tout. Une ponctuation abstraite. Elle rappelle Cage et l’idée de la musique concrète, objective. Pour Cage, la conversation que propose l’instrument est totalement aléatoire ; l’instrument de musique ne raconte rien en dehors de ses propriétés effectives[1]. De la même manière, cette exposition est un événement visuel. Elle propose au visiteur de reconstruire l’espace tel une partition aléatoire, produite à la cadence de notre propre regard. La est sa seule prétention de communication.
Peints d’une façon parfois grossière, les monotones d’Aubertin sont en soi des objets d’art désacralisés, dans l’esprit du ready-made duchampien[2]. Le processus que démontre la réalisation des monotones d’Aubertin évacue l’émotion esthétique pour mieux accueillir le vide. C’est ce que Duchamps appelait la « Beauté d’indifférence », une idée que l’on peut sans doute manifeste dans la mécanique de la musique de John Cage. Suivant ce précepte, il s’agit enfin pour Aubertin d’atteindre le point zéro de son propre langage d’artiste, de laisser l’espace dicter librement le message.  

États  de renoncement
Déconstruire son travail pictural pour mieux le reconstruire est peut-être un geste qui semble  banal. Le concept est là, il nous amuse, mais il n’a pas la prétention de nous apprendre quoique ce soit. Le mouvement Dada, qui inclue certaines pratiques de Marcel Duchamp, n’était-il pas en partie inspiré d’un désir de contestation et de négation de l’art visant à mieux en redéfinir les contours futurs?[3] N’est-il pas plus valable de construire du vide pour ainsi éviter de reproduire des esthétiques préconçues?
Cette exposition démontre justement en quoi la négation alliée à la construction permet l’ouverture à de nouvelles voies[4]. Par une méfiance vis-à-vis des notions idéalistes traditionnelles du «  fait main », Éric Aubertin suit cette tradition dans laquelle prime la façon de composer, de former une œuvre. À cet effet, on remarque même que certains tableaux sont volontairement inachevés, imparfaits. Certains ont même été abimés lors de leurs installations. Jouer avec le vide et construire d’une façon aussi imparfaite seraient donc des formes de renoncements volontaires à un art convenu. Un exercice avoué et jugé essentiel pour Aubertin à ce stade-ci de sa création. Pour la suite, ce n’est sans doute que le début de la fin.
Texte Liliane Audet




[1] Charles, Daniel, Cage et Duchamps, Notes sur les 26 statements Re Duchamp, de John Cage, p. 75 tiré de Octavio Paz , L’Arc et la Lyre, Trad. Roger Munier, Paris, Gallimard, 1965, p. 127
[2] Ce qui importe n’est « ni l’objet proposé en lui-même, ni l’acte de proposition en lui-même, mais l’idée de cet acte »6.  GENETTE, Gérard, L’Œuvre de l’art. Immanence et transcendance, Tome I, Paris, Seuil, 1994, p. 163.
[3] Dachy, Marc, « Pour Dada, la fonction de l’art est la dissidence »  dans Télérama Hors Série, 1916/1924 Rétrospective Dada au Centre Pompidou, Paris, Octobre 2005, p. 29
[4] Ibidem, p. 29



11.26.2012

Invitation à l’Expo-vente bénéfice 2D à Espace Projet



Espace Projet – Art contemporain + design invite tous les curieux et amateurs d’art au vernissage d’ouverture de sa toute première activité de financement, une expo-vente bénéfice d’œuvres d’art! Le lancement se fera le jeudi 6 décembre 2012 à partir de 18 h. Intitulée 2D, cette expo-vente offre aux visiteurs des œuvres de qualité sur des supports bidimensionnels (peinture, dessin, estampe, collage et photographie) tout en demeurant accessibles à un budget de 200 $ et moins. C’est l’occasion parfaite de choisir un ou des cadeaux des fêtes uniques et originaux, et ce, dans un climat convivial loin du stress accablant des centres d’achats!




Le vernissage d’ouverture, au coût de 20 $, donne un accès privilégié aux œuvres avec, en accompagnement, un vin et fromages, une ambiance festive avec dj et des prix de présence. L’expo-vente se poursuivra du 7 au 22 décembre 2012 (entrée libre).




Avec Jérémie Albert, Carole Arbic, Éric Aubertin, Catherine Baril, Patrick Beaulieu, Rodolphe Beaulieu Poulin, Marilyne Bissonnette, Andrée-Anne Blacutt, David Champagne, Emmanuel Chieze, Jérémie Cyr, Alexandre CV, Cara Déry, Yannick De Serre, Martine Frossard, Katherine-Josée Gervais, Catherine Hardy, Alice Jarry, Philippe Jasmin, Sukaina Kubba, Joséfine Lachapelle, Jean-François Leboeuf, Antoine Lortie Laporte, Jean-Philippe Luckhurst-Cartier, Claire Paradis, Marie-Hélène Paradis, Fanny Parent, Émilie Payeur, Michel Pedneault, Jessica Peters, Jean-François Poisson, le collectif Raison Mobile, Shanie Tomassini, Natalja Scerbina, Nadia Trudel, Karine Turcot et Patrycja Walton et plus.




Rappelons que cette activité de financement est essentielle à la viabilité d’Espace Projet, récemment devenu un organisme à but non lucratif. Les fonds amassés seront réinvestis, de part égal, dans les activités d’Espace Projet pour l’année 2013 et auprès des artistes participants. 2D vise ainsi à diffuser et promouvoir le travail d’artistes en début de carrière et à favoriser le réseautage avec la communauté artistique montréalaise.




Pour participer à la soirée d’ouverture et ainsi collaborer au succès de cette première activité bénéfice, l’équipe d’Espace Projet encourage l’inscription des convives par courriel à : 2d.espaceprojet@gmail.com ou via notre événement Facebook : https://www.facebook.com/events/245869602207373

Merci de soutenir Espace Projet ! 
Renseignements :
Liliane Audet et Catherine Barnabé, coordonnatrices
Espace Projet – art contemporain et design
353, Villeray, Mtl H2R 1H1

11.12.2012

Sukaina Kubba - L’anniversaire



Du 16 novembre au 2 décembre
Vernissage le 16 novembre à 17h



Le travail de Sukaina Kubba s’inspire de la narration. Ses installations sont composées de plusieurs toiles en relation qui, comme une collection d’images fixes d’un film, désignent et embrouillent une trame narrative. Les éléments visuels proviennent de captures vidéos, de photographies de films, de véhicules en mouvement et de reflets de paysages agrandies. Plusieurs couches d’interprétations du travail se superposent grâce aux divers matériaux et textures utilisés. Ce procédé calculé de distanciation et de retrait des images originales permet à Kubba de tisser de nouvelles trames narratives à partir d’événements réels.


L’anniversaire est la première exposition de Kubba à Montréal depuis sept ans. L’anniversaire se veut comme une fête, un célébration de la mort et une commémoration d’événements tragiques. L’Anniversaire offre aussi l’étude d’une toile célèbre de Turner The Slave Ship de 1840 dont Kubba s’inspire entre autre pour définir sa palette de couleurs.



Les références visuelles ayant servi à L’anniversaire proviennent surtout de documentaires originaux de la Seconde Guerre mondiale. Ces archives qui ont été colorisées à postériori pour capter l’attention du spectateur ont un caractère sentimental. Une fois capturées, les scènes immobiles accentuent la nature disloquée des images en mouvement en transformant la qualité immersive voulue en images de confrontation hyper instantanées. Le travail de Kubba cherche à mettre en valeur le manque de cohérence entre le caractère réel du document d’archive et les multiples traitements de l’image d’origine. 



L’exposition comporte des œuvres de  latex, de nylon, de polyester et de chiffon qui créent des jeux de transparence et de reflet et transforment la surface picturale. Le spectateur ne regarde plus simplement une image de face, mais il appréhende une toile de côté, il  regarde à travers, ou il détourne le regard.



Sukaina Kubba est née à Baghdad et elle a vécu aux Émirats arabes unis et à Montréal. Elle a récemment obtenu une maîtrise en arts (peinture) de l’école d’art de Glasgow School of Art. Elle a exposé à Montréal, aux états-unis, à Glasgow et à Londres. En Décembre,  elle fera aussi partie d’une exposition de groupe à Mediakeskus Lume à Helsinki.


Sukaina Kubba’s work draws from narration.  Her painting installations are constructed through orchestrations of pictures that, much like groupings of film stills, point towards and blur a chosen central narrative.  The landscape and visual elements often derive from stills of videos and photographs taken from films, moving vehicles and reflections, or by scrolling through blown up images.  A wide range of painting surfaces and materials, as well as textual references, are interwoven with painting motifs adding other layers of possible readings of the work.  This intentional process of withdrawal and distancing from the original images and videos, allows Kubba to weave together new narratives, and construct fictional scripts from ‘real’ events, a “what may have been.” 

L'anniversaire is Kubba's first show in Montreal in several years.  L'anniversaire reads as a birthday celebration, an anniversary of death, and commemoration of darker events.   The original inspiration for the l'anniversaire is J.M.W. Turner's the Slave Ship painted in 1840: the works in this installation derive their colour palate from it.
  
The visual references for l'anniversaire come from digitally colorized WWII documentaries, where colorization is meant to act as a sentimental layer aimed at making the edited documentary footage connect with the viewer. Once frozen, the stills accentuate the disjointed nature of these moving images, turning their intended immersive quality, into confrontational, hyper-immediate pictures; the inconsistency between the document and its eventual treatment is highlighted.

The installation comprises works on latex rubber, nylons, polyester and chiffon, where the alternate transparency and reflexivity of the surfaces and painting materials disrupt the pictorial plane, turning 'looking at' into 'looking through' or 'looking away from.'



Sukaina Kubba was born in Baghdad, and has lived in the U.A.E. and Montreal. She has recently obtained a Master in Fine Art Practice (painting) from the Glasgow School of Art.  Kubba has exhibited in Montreal, the U.S., Glasgow and London, and has an upcoming group show at Mediakeskus Lume in Helsinki. 

www.sukainakubba.com

10.21.2012

Chantiers



La galerie Espace projet a le plaisir de vous inviter à l’exposition photographique collective Chantiers, du 26 octobre au 11 novembre prochain.
Après avoir présenté en 2011 l’exposition Prises faciles qui abordait le phénomène de la pêche aux poissons des chenaux, les cinq photographes à l’origine de ce projet se réunissent à nouveau, cette fois-ci autour d’un projet plus urbain.
Cinq grands chantiers de construction, parmi les plus importants de ces dernières décennies, sont mis en image par ces cinq photographes: la réfection de l’échangeur Turcot, la reconversion de l’autoroute Bonaventure, la construction du centre hospitalier de l’Université de Montréal (CUSM) et du centre universitaire de santé McGill (CHUM) et enfin le développement du site de l’hippodrome de Montréal.
Rodolphe Beaulieu-Poulin, Alexandra Boucher, Alexandre Cv, Olivier Laplante-Goulet et Marie-Lyne Quirion présentent les formes, visages, structures et espaces de ces projets dans leur état actuel (du site à développer au travaux en cours) selon un angle de vue en cohérence avec leur démarche photographique.
Malgré un héritage issu des grands chantiers de l’Expo 67, particulièrement en ce qui a trait à la mobilité (localisation aux abords d’autoroutes, de stations de métro), ces projets suscitent néanmoins un enthousiasme différent que celui de l’Expo. Chantiers souhaite ainsi inviter le spectateur à porter une réflexion sur ces changements majeurs de la métropole et sur la manière dont ils contribuent à forger notre actuelle perception d’un paysage urbain en mutation.





Vernissage le 26 octobre à 17h Galerie Espace Projet 353 rue Villeray Est T.514.388.3512 http://espace-projet.blogspot.ca
Exposition Chantiers Contact: Alexandre Cv: adressecourriel@yahoo.ca 514-912-1081

10.01.2012

Andrée-Anne Blacutt - Le couronnement des vierges. Si vous n’étiez pas mort tout ceci n’existerait pas


Commissaire : Catherine Barnabé
5 au 22 octobre 2012 Vernissage : vendredi 5 octobre dès 17h



Espace Projet présente la plus récente série d’Andrée-Anne Blacutt intitulée Le couronnement des 
vierges. Si vous n’étiez pas mort tout ceci n’existerait pas où elle propose un parcours visuel et sonore. Pour cette exposition qui témoigne entre autres de ses réflexions autour des deuils, des stratégies mnémoniques et du motif, elle suggère des aquarelles dont les nombreuses récurrences invitent à la fabrication de récits. L’espace de la galerie est reconstruit, de nouveaux espaces symboliques sont élaborés, permettant au lieu de se révéler et au visiteur de le considérer avec un regard renouvelé. Pour ce projet, elle collabore avec Catherine Barnabé à la mise en espace des œuvres et à l’élaboration d’un discours. Durant l’évolution du projet, leurs réflexions ce sont construites à distance à travers des échanges virtuels tournant autour de la création et des moyens d’élaborer une pensée.

Andrée-Anne Blacutt vit et travaille à Québec. Elle est actuellement inscrite à la maîtrise en arts visuels à l’Université Laval. Ce projet s’inscrit dans ses recherches de deuxième cycle.

- http://aablacutt.tumblr.com/ -






Répétitions. Comment exercer l’esprit.
Cinq stations sont à parcourir et un dernier espace au sous-sol clos le trajet. Une trame sonore se superpose, sept lectures d’un même texte, en boucle, sans réel début ni fin pour le spectateur. Chaque élément, visuel ou sonore, est constitué de motifs qui forment des couronnes ou des boucles. Les aquarelles sont regroupées par deux. Sobre dans leur composition, chacune invite à l’arrêt, à l’observation des détails, à la comparaison. La trame sonore est formée de répétitions. Sept fois un récit où les personnages ne dialoguent pas ensemble ; ils s’enchainent, se font écho. On devine l’incarnation de divers caractères, des parties d’un même tout. Aussi, sept interprétations différentes, qui pourraient se révéler être sept intonations. Sept états. Sept temps. Un cycle. Un début, un milieu, une fin. Et qui recommence.




La récurrence du motif.
Andrée-Anne Blacutt travaille l’espace pictural en composant des motifs qui se répètent, en formant des figures inédites à partir de ses souvenirs ou d’images glanées. Elle fait dialoguer ses œuvres qui, par la répétition des formes, des motifs et des dispositifs spatiaux, induisent une logique, fabriquent des récits. Les motifs sont constitués d’éléments qui à première vue semblent disparates, mais qui font tous sens dans des histoires communes ou individuelles. Ce sont des symboles au sens où l’entend Paul Ricœur[1]. Des images qui, parce que plus signifiantes et mises en contexte, deviennent symboles poétiques. Ceux-ci sont chargés d’un sens premier, large, qui peut faire écho à plus d’un, et d’un sens second, plus intime, qui s’inscrit dans une archéologie personnelle. Pour qu’il fasse sens, un symbole doit faire parti d’une narration, être un élément d’un discours. Andrée-Anne Blacutt utilise des symboles tant dans les éléments visuels que sonores : l’ogre, la petite fille, le sportif, le diamant, la caverne. Ils renvoient tous à des références qui flottent dans un imaginaire collectif, comme ils possèdent tous un sens particulier pour elle, et pour le regardeur qui trace ses propres relations. Un sens qu’elle ne nous révèle cependant que partiellement : elle ne nous donne pas toutes les clés de son récit, mais incite à l’association, à des dialogues. Elle laisse place à des narrations qui, additionnées, composent une certaine mythologie.

Les motifs sont disposés comme des couronnes. On pense : des couronnes de fleurs tressées par une jeune fille de l’Égypte ancienne pour passer le temps, des couronnes mortuaires, peut-être, des motifs comme des fleurs qui se répètent, qui forment des éléments circulaires, refermés sur eux-mêmes qui recommencent sans cesse, des boucles.



Les espaces [re]composés.
Nous proposons de parcourir l’espace de la galerie en suivant un trajet, en marquant des arrêts nécessaires, sans astreindre une durée. N’imposant pas un rythme de lecture des images, mais induisant le sens et suggérant de prendre le temps. L’espace est marqué, circonscrit de nouvelles balises, ces divisions le recomposent. Les œuvres sont disposées de façon à révéler le lieu qui est mis en valeur. On ne cherche pas à le dissimuler mais bien à jouer avec l’architecture, à relever les défauts même, afin d’y ancrer les œuvres. Cette façon de concevoir l’espace de l’exposition comme faisant partie de la présentation visuelle affirme une volonté de redéfinir les relations sensibles qui se pose comme un moyen d’enclencher de nouveaux réflexes. Permettre d’engager des relations entre les objets et leur contexte d’exposition, entre les visiteurs et le médium exposition.


Il y a composition d’espaces symboliques à travers l’espace physique.

Le son superposé aux images ajoutent une couche narrative supplémentaire. Il devient un espace métaphorique qui permet aux visiteurs de se rapprocher de l’aspect visuel de l’exposition. Il tente de tisser des relations entre les symboles.

Les objets architecturaux construits divisent concrètement l’espace, et imposent des arrêts. Ils participent à la fabrication des narrations fragmentées. À leur composition.

L’espace du sous-sol permet de clore le récit. De briser le cycle.


L’art comme un interstice ou l’espace sacralisé, à nouveau.
Ce parcours se veut une façon de sacraliser l’espace de la galerie en ritualisant la visite. En divisant l’espace comme de petits autels qui inviteraient au recueillement, nous souhaitons peut-être faire voir l’espace et l’événement de l’exposition autrement, comme un temps privilégié, un temps qui incite à la pose et à l’observation. Un temps qui laisse place à l’interprétation, à l’émergence d’une réflexion sur ce que l’on regarde, ce que l’on ressent et les relations entre les choses. Faire voir comment nous tentons de trouver du sens, celui de l’art ou celui d’une croyance, de se situer. Il ne s’agit pas d’imposer des rites ou même de suggérer des interprétations. Il s’agit plutôt de laisser émerger le « sacré », qui, comme l’interprète Georges Bataille[2], est une façon de sortir de soi, d’aller vers l’autre, de construire un dialogue entre deux êtres. Le « sacré » est communication : le « sacré » peut être un interstice qui permet la communion, les échanges.

L’art peut être une façon de produire du discours. L’art peut être ce dialogue.

La notion de « sacré » chez Andrée-Anne Blacutt s’énonce par des outils, en un moyen de s’inscrire dans une part plus grande, en concevant cet espace qui permet la circulation et l’interprétation. Mais aussi en ayant une pratique si précise et consciencieuse que cela en devient comme une religion. Elle travaille si précisément et longuement les motifs, s’applique à intégrer les formes les unes aux autres afin d’en créer une seule. Elle pratique. Elle répète. Elle prend le temps. Elle recommence. Elle doit maîtriser parfaitement les formes avant de les tracer à l’aquarelle. La notion de pratique prend alors tous ses sens.
Cet espace symbolique. Cette pratique artistique. Ils sont hors du temps, hors des lieux. Existent comme formes sensibles. Cette pratique répétitive. Cet espace physique créé. Il font sens, encadrent des récits. Ils composent.

Catherine Barnabé, commissaire







Andrée-Anne Blacutt tient à remercier :
Catherine Baril
Nicholas Belleau
Jean-Nicolas Demers
Jean-Philippe Nadeau-Marcoux


[1] Ricoeur, Paul. Le symbole donne à penser. 1959. www.fondricoeur.fr.
[2] Bataille, Georges. « Le sacré », Œuvres complètes, tome 1. 1970. Paris : Gallimard. p. 559-563. 



8.20.2012

Sabrina Desmarteau - Expo 67


Recomposer les espaces et réactualiser les lieux
Catherine Barnabé

En intitulant son projet Expo 67, Sabrina Desmarteau nous rappelle le caractère historique des compositions architecturales présentées, elle insiste sur leurs anciennes fonctions plutôt que sur leurs nouvelles. Ces survivances nous indiquent qu’un passage a eu lieu, que ce que l’on croyait connaître a une histoire autonome. Elle nous montre ce qui reste, nous confronte au présent de ces vestiges auxquels elle supplée au discours actuel la mémoire du lieu.

Terre des hommes
L’exposition universelle de Montréal en 1967, sous le thème Terre des hommes[i], fut pour la ville l’occasion de profiter d’un rayonnement international, mais plus encore, d’une croissance économique et culturelle. En six mois, l’événement a accueilli cinquante millions de visiteurs et généré des revenus de plus d’un milliard de dollars. La superficie de l’Île Notre-Dame a doublé ; l’Île Sainte-Hélène fut créée grâce aux résidus provenant de la construction du métro, inauguré pour l’occasion quelques mois avant le début de l’expo ; Habitat 67, où logeaient les dignitaires de passage, a aussi pris naissance. Les Montréalais, et les Québécois, ont découvert le monde avec cet événement d’envergure qui s’est déroulé durant une période effervescente pour le Québec où la Révolution tranquille amena rupture et changement au sein de la société contemporaine. Avec ses soixante-deux pays invités et ses quatre-vingt-dix pavillons, le développement fut aussi architectural et urbain. De tous ces pavillons, six sont encore aujourd’hui en activité : États-Unis, Canada, France et Québec, Corée, Jamaïque et Tunisie. C’est ceux-ci que Sabrina Desmarteau a choisi de représenter pour cette exposition. Avec ce projet, l’artiste continue de développer le thème de l’environnement bâtit, elle l’avait fait précédemment avec sa série sur le métro de Montréal (2009-2010). Cette fois, elle travaille autour de structures architecturales, de leur héritage urbain et de leur réactualisation. Elle propose de voir comment ces compositions peuvent, sur la toile, construire un nouvel espace et permettre un travail des lignes et des géométries.

Des espaces picturaux
Sabrina Desmarteau ne fait pas que reproduire des bâtiments, elle construit dans ses œuvres des espaces architecturaux qui sont à la fois des vues de l’intérieur et de l’extérieur, des plans d’ensemble et des plans rapprochés, figuratifs et abstraits. Les limitations physiques des structures sont déjouées par le traitement qu’elle propose, elle suggère des combinaisons impossibles en déconstruisant les logiques spatiales.  Ses compositions de lignes tissent de nouveaux liens entre les éléments des structures, permettent de voir les constructions d’un angle géométrique avec un traitement esthétique graphique. Ainsi, elle crée des espaces qui se révèlent être des dispositifs spatiaux. De nouveaux espaces qui n’existent autrement que par sa recomposition, qui proposent une vision multiple, à la fois partielle et entière, précise et générale.

Les lieux anthropologiques et leurs fonctions
Le rapport qu’entretient Sabrina Desmarteau avec l’espace de la ville, précisément de Montréal, se concentre pour l’instant sur le paysage urbain qui a émergé dans les années 1960. Mais pourquoi représenter des structures architecturales nées il y a presque cinquante ans ? Pourquoi proposer des œuvres qui reprennent ces icônes ? Par nostalgie ou par devoir de mémoire ? Ou plutôt car ce sont des lieux qui ont appartenu à un pan important de l’histoire, qui ont contribué à définir une appartenance au territoire, une certaine identité. Ces lieux sont alors à la fois historiques, identitaires et relationnels. Des lieux anthropologiques, au sens où l’entend Marc Augé[ii], qui sont des constructions concrètes et symboliques de l’espace. Historiques, ce ne sont pas des lieux de mémoire puisqu’ils sont encore actifs, ont été réactivé par de nouvelles fonctions, mais portent toujours les traces des événements passés. Nous vivons dans leur histoire, puisqu’en plus de s’inscrire dans l’espace, ils s’inscrivent dans la durée : le temps est vaincu, l’histoire n’est pas oubliée. Les événements de l’Expo 67 ont participé, dans le contexte socio-politique de l’époque, à voir naître l’identité d’un peuple, ou sa renaissance, certainement son ouverture au monde qui eue des retombées jusque dans la reconsidération des valeurs et des aspirations. Les lieux qui en ont émergé se sont, par ricochet, inscrits dans cette quête identitaire et marqués d’une appartenance. La relation se présente aussi comme critère pour considérer un lieu comme anthropologique. Celle-ci se définit par les échanges qui s’y produisent, par les éléments qui y cohabitent, dans ce cas précis, sans doute relié à l’aspect identitaire, les rencontres qui ont eu cours durant l’expo, mais aussi maintenant dans les nouvelles fonctions qui réactivent sans cesse ces critères. Permettant aux structures architecturales de survivre et de ne pas être uniquement des bâtiments, de ne pas être que passage, ou non-lieux, dans lesquels rien ne perdure, aucune prise n’est possible, mais plutôt de participer à l’histoire et au monde dans lequel ils sont posés. Le choix de s’attarder aux reliques de l’Expo 67 n’est donc pas vain, il conduit vers une relecture, voire questionne les événements historiques et leur rayonnement actuel. Ces lieux, témoins, mais plus encore, témoins devenus icônes, sont aujourd’hui toujours les emblèmes de Terre des hommes, en plus d’avoir de nouvelles fonctions, ce qui contribue à ce qu’ils participent d’une histoire contemporaine tout en soulignant le passé. Aujourd’hui, les pavillons de la France et du Québec, situés à proximité l’un de l’autre, sont devenus le Casino de Montréal ; celui des États-Unis la Biosphère ; le pavillon du Canada accueille les bureaux administratifs de la Société Jean-Drapeau ; celui de la Tunisie un restaurant ; celui de la Jamaïque est disponible pour la location et du pavillon de la Corée il ne reste que la structure. Leurs nouvelles fonctions économiques ou culturelles n’atténuent pas l’image historique, elles permettent plutôt de se souvenir tout en insufflant une seconde histoire.

Les œuvres de Sabrina Desmarteau, en plus d’être un travail de réactualisation de symboles dans une perspective anthropologique, en est un sur la composition d’espaces picturaux. En transposant sur la toile ces lieux en de nouveaux espaces, elle leur induit une dimension esthétique. Elle déconstruit les formes architecturales, permet une dissolution du plan, un éclatement de la géométrie. Il suffit alors de recomposer les structures. Il s’agit de participer à la création d’images symboliques. Visiter ces lieux et leurs nombreuses couches narratives.

[i] Titre d’un roman d’Antoine de St-Exupéry de 1939.
[ii] Augé, Marc. 1992. Non-lieux : introduction à une anthropologie de la surmodernité.
Paris : Éditions du Seuil. 149p.









Expo 67
1 au 30 septembre 2012 Vernissage : samedi 1 septembre 14h


Du 1 au 30 septembre 2012, Espace Projet présente en exclusivité les plus récentes œuvres de Sabrina Desmarteau, Expo 67. Avec cette nouvelle série, elle s’intéresse au développement architectural, urbanistique et culturel de Montréal par le biais de l’exposition universelle de 1967. En effet, cet événement engendra la construction de structures urbaines importantes, il contribua aussi au déploiement de la ville sur la scène internationale et permit une ouverture sur le monde. Avec cette série, l’artiste continue ainsi à explorer l’architecture montréalaise des années 1960 comme elle l’avait fait avec la précédente qui portait sur le métro de Montréal. Cet intérêt pour l’histoire de la métropole, et en particulier son développement urbain, engage une réflexion sur notre rapport à l’environnement bâtit et sur ce qui en reste à travers le passage du temps. La série présente les six pavillons toujours existants et en activité. Les compositions de Sabrina Desmarteau proposent un regard reconstruit sur les structures architecturales; quelques éléments particuliers sont reconnaissables, mais l’esthétique procède plutôt du plan et de la géométrie.



Diplômée du baccalauréat en arts visuels et médiatiques de l’UQAM, Sabrina Desmarteau vit et travaille à Montréal. Son travail solo a été vu depuis 2010 à la galerie Espace Projet.
 – sabrinadesmarteau.com –